Fédération Wallonie-Bruxelles|

Sans y toucher, Colette Nys-Mazure pose ses mots ouatés sur la toile de la vie. De l'enfance à la mort, de l'amour à la solitude, elle nous promène dans la poésie bercée par l'Escaut indolent. Ses nouvelles sont tendres et pourtant cruelles, elles pleurent l'amour blessé, l'indifférence, l'égoïsme : « Je t'écris, donc je vis. Je vais enfourcher ma bicyclette, rouler le long de l'Escaut. Sur ces chemins de halage où tu ne m'as jamais rejointe ». Elles proclament l'amour comblé, l'amour plein, qui par inadvertance se fait guetteur de vies plus âpres, plus mordantes, plus coupantes, loin de la fusion attendue. Elles parlent de l'irruption de l'amour à cause d'une belle étrangère aux bras de statue, « la Lorelei de l'Escaut ». Elles murmurent avec réticence les vacances solitaires d'un petit garçon entouré d'indifférence, qui aimerait « célébrer les silences et leur ouvrir les ailes ». Elles s'émeuvent du coeur fragile, elles avouent que « tôt ou tard se déchire la soie de l'enfance » car à l'enfant, on ne dit jamais rien, et pourtant il perçoit des bribes de conversation et s'en fabrique un monde. Elles susurrent la solitude, voulue ou pas. Elles entourent le mort encore jeune et exposent le regard d'effroi, de tristesse ou d'indifférence de son entourage. Elles assistent aux réveils balbutiants, abrutissants, effarés, mornes ou pleins d'espérance des occupants d'un même immeuble. Et puis elles proclament la passion de la lecture…et c'est par cela que je terminerai, car ce recueil est un régal de pudeur, de vérité et d'émotions : « Elle entre en lecture comme d'autres en méditation, toute sa vie orientée vers le dedans, attentive au texte comme aux blancs, jouissant à la fois de l'histoire et de son écriture, du jeu de relations entre les personnages, des lieux où se déchiffre l'auteur. Elle se divise et se multiplie, souffre et aime, cherche et joue ». Sans y toucher, on atteint la grâce.
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